L'Homosexuel ou la difficulté de s'exprimer

Photo : Martin Argyroglo

Écrite il y a tout juste cinquante ans, L’Homosexuel… n’est pas à proprement parler une pièce sur la « condition homosexuelle », ni même peut-être sur l’homosexualité. Elle s’intéresse plutôt à ce qu’il y a d’inexprimable dans tout corps, toute identité, et met en scène la difficulté, voire l’incapacité du langage à dire exactement ce que l’on est.

Pour faire honneur au métissage de la dramaturgie de Copi, Thibaud Croisy a réuni un trio d’acteurs flamboyants, aux histoires et aux parcours différents : Frédéric Leidgens dans le rôle de Madre, une mère castratrice à faire pâlir les Andalouses de Lorca ; Emmanuelle Lafon dans celui de Garbo, une professeure de piano aux méthodes peu conventionnelles ; et Helena de Laurens pour incarner Irina, l’être singulier et pervers qui tente d’échapper à toutes les catégories et peut-être au langage lui-même.

Mais alors, qui gagnera cette affreuse partie ? Qui tuera qui ? Et que restera-t-il au terme de cette nuit où se réveillent les démons du corps ? La neige ? Le silence des steppes ? Le souvenir d’une marginalité fondamentale et perdue, impossible à préserver et à dire ? Vous le saurez en venant voir cette comédie barbare et mélancolique, à mi-chemin entre un Feydeau survolté et une corrida sur la banquise.

Distribution

Mise en scène : Thibaud Croisy | Avec : Helena de Laurens, Emmanuelle Lafon, Frédéric Leidgens, Arnaud Jolibois Bichon, Jacques Pieiller | Scénographie : Sallahdyn Khatir | Lumières : Caty Olive | Costumes : Angèle Micaux | Son : Romain Vuillet | Collaboratrice artistique : Élise Simonet | Régie générale : Ugo Coppin | Directrice de production : Claire Nollez | Chargé de production : Romain Courault 

Production : Association TC | Avec le soutien de la Fondation d’entreprise Hermès dans le cadre du programme New Settings | Coproduction : T2G Théâtre de Gennevilliers, Centre Dramatique National ; La Comédie de Clermont-Ferrand, Scène nationale ; TNB Théâtre National de Bretagne, Centre Dramatique National (Rennes) ; TU Nantes, Scène jeune création et arts vivants ; La Rose des Vents, Scène nationale Lille Métropole Villeneuve d’Ascq | Soutiens : Direction régionale des affaires culturelles d'Île-de-France – Ministère de la Culture ; Aide à la création en fonctionnement dans le domaine du spectacle vivant de la Région Île-de-France ; Centre national de danse contemporaine d’Angers (CNDC) ; Centre National de la Danse, Pantin (CND) ; ADAMI, organisme de gestion collective des droits des artistes-interprètes : gestions des droits, aide financière aux projets, défense des intérêts et accompagnement de carrière | Le texte de la pièce est édité chez Christian Bourgois éditeur, avec une postface de Thibaud Croisy | Les pièces de Copi sont représentées dans le monde entier par l’Agence Drama – Suzanne Sarquier (www.dramaparis.com) pour le compte des ayants droit de Copi

Dates de représentation

> 9-10-11 septembre 2023 – Théâtre Saint-Gervais (Suisse), dans le cadre de La Bâtie – Festival de Genève
> 24-25-26 mars 2023 – La Criée, centre dramatique national de Marseille
> 29-30 novembre et 1er décembre 2022 – TU Nantes
> 29-30 septembre et 1-3-4-6-7 octobre 2022 – Théâtre de la Cité internationale (Paris)
> 17, 18, 20, 21, 22, 23 mai 2022 – T2G – Centre dramatique national de Gennevilliers
> 2, 3, 4 mars 2022 – La Comédie de Clermont-Ferrand (Scène nationale)

Presse

> Katia Berger, "Les sexualités funambules de Thibaud Croisy", La Tribune de Genève
> Marie-Pierre Genecand, "À La Bâtie, Copi rayonne dans les glaces de Sibérie", Le Temps (Suisse)
> Samuel Gleyze-Esteban, "Thibaud Croisy, une conception homosexuelle de Copi", L'Œil d'Olivier
> Pascal Paradou, "Thibaud Croisy revisite Copi", RFI (radio)
> Gilles Renault, "L'Homosexuel de Copi : l'extravagance intacte", Libération
> David Christoffel, "Invertébrer", Métaclassique (radio)
> Gérald Rossi, "Une histoire d'exil, de sexe indéfini et de fuite dans les steppes de Sibérie", L'Humanité
> Catherine Robert, "Se travestir par la parole", Artcena
> Bélinda Mathieu, "Thibaud Croisy investit le texte outrancier L'Homosexuel ou la difficulté de s'exprimer de Copi", La Terrasse
> Jean-Pierre Léonardini, "L'éternel retour de Copi", L'Humanité
> Anaïs Héluin, "Thibaud Croisy met Copi à nu et aux nues", ScèneWeb
> Isabelle Barbéris, "C'est Copi qu'on ressuscite !", Marianne
> Jean-Pierre Thibaudat, "Thibaud Croisy met en scène Copi comme du Racine", Médiapart
> Fabienne Arvers, "L'Homosexuel ou la difficulté de s'exprimer de Copi magnifiquement revisité", Les Inrockuptibles
> Pierre-Olivier Febvret, "Copi le provocateur a-t-il trouvé son maître ?", La Montagne
> Isabelle Barbéris, "L'Homosexuel ou la difficulté de s'exprimer : Copi par Croisy", Marianne

Sur la grand-route

Photo : Hervé Bellamy

En 2020, le Théâtre du Pélican m’a sollicité pour venir créer une pièce à Clermont-Ferrand avec un petit groupe de comédiens amateurs âgés d’environ vingt ans. Les saisons précédentes, j’avais donné de nombreux ateliers dans des théâtres ou des universités, et je dois dire que j’avais un peu envie de changer, de prendre mes distances avec ce type de travail. Pourtant, la proposition du « Pélican » m’a vite retenu en raison de son format inédit et de son caractère ambitieux. Le projet consistait à proposer à quelques volontaires d’aller au-delà du simple atelier de théâtre hebdomadaire et de s’engager dans un processus de création au long cours : six semaines de répétitions réparties sur huit mois, avec des journées pleines pendant les week-end et les vacances scolaires. En outre, j’avais la possibilité de m’entourer de collaborateurs artistiques et de techniciens, ce qui permettait aux jeunes de découvrir les différentes facettes d’une création.

Après plusieurs rencontres avec l’équipe du Pélican et une inévitable sélection pour constituer un groupe cohérent et solide, j’ai passé énormément de temps à chercher un matériau qui pouvait nous réunir. D’une part parce que je ne voulais pas écrire un texte sur mesure (je ne connaissais pas assez les jeunes pour le faire) et d’autre part parce que je me demandais sérieusement ce qui pouvait parler à des gens de leur âge. Je n’avais pas envie de les cantonner à des rôles de jeunes un peu rebelles qui monteraient sur scène pour parler des maux de la société d’aujourd’hui. Et a contrario, je ne voulais pas non plus leur faire jouer des personnages du répertoire que je jugeais trop éloignés d’eux ou en tout cas trop difficiles à interpréter – un Misanthrope, un Hamlet, une Mère Courage. Du reste, j’étais tributaire du nombre de participants et de leurs profils : sept filles pour un garçon.

J’ai alors repensé à Sur la grand-route, un court texte de Tchekhov que j’avais relu quelque temps auparavant pour préparer ma mise en scène de L’Homosexuel ou la difficulté de s’exprimer de Copi (qui sera aussi créée à Clermont). Écrite en 1884 et censurée l’année suivante car jugée trop « sombre et sale » [1] (et donc jamais jouée du vivant de Tchekhov), cette pièce met en scène un groupe de marginaux qui se retrouvent, le temps d’une nuit, dans la promiscuité d’une auberge perdue « sur la grand-route ». Dehors, dans un no man’s land inidentifiable, les éléments se déchaînent : tonnerre, pluie, éclairs, vent qui « hurle » [2]… Un ressort dramatique qui permet à Tchekhov d’organiser la rencontre improbable et tragi-comique entre des hommes du peuple tous plus pittoresques les uns que les autres. Dans cette galerie haute en couleurs, il y a Fédia, un ouvrier itinérant peu avare en platitudes et en brèves de comptoir ; Mérik, un vagabond provocateur bien décidé à faire du grabuge ; Bortsov, le noble déchu qui s’est fait quitter par sa femme et qui supplie le patron de lui offrir une vodka ; Savva, le vieillard moribond qui n’en finit pas de mourir – et de râler ! – sous le regard inquiet d’un couple de pèlerines…

Au cours de cette « nuit de malédiction » [3] où les bavardages et les altercations empêchent tout le monde de dormir, Tchekhov fait émerger les blessures secrètes de ces perdants magnifiques et dresse le portrait d’une humanité à la dérive. À la fois sympathiques et teigneux, généreux et hypocrites, lyriques et terre-à-terre, ces éclopés qui ne tiennent plus debout préfigurent par certains aspects les clochards de Beckett engoncés dans leur poubelle ou coincés dans d’immenses mamelons. « Dans la merde jusqu’au cou », dirait le dramaturge irlandais. À cet endroit du désespoir où il n’y a plus rien d’autre à faire qu’à chanter… Car là aussi, au terme de l’« étude dramatique » [4] de Tchekhov, rien ne change. Pas de dénouement. Pas non plus de résolution pour rebattre les cartes et réorienter le sort des personnages. Au terme de cette chienne de nuit, il ne se sera rien passé, si ce n’est l’éternel drame de la vie, angoissant et absurde, prêt à recommencer le lendemain à la même heure, comme une bonne vieille pièce de théâtre…

Cette trame minimaliste, si noire qu’elle finit par prendre des colorations farcesques, me semblait idéale pour des jeunes qui entrent dans l’âge adulte et qui commencent à percevoir avec beaucoup d’acuité les difficultés de la vie et les renoncements successifs qu’elle nous invite à faire. Être dévasté par un chagrin d’amour, tracer sa route en solitaire parce que le monde ne nous convient pas, ne plus croire en rien et maudire une société qui court à sa perte : voilà autant de situations qui ne manqueraient pas de nous faire réagir et de nous questionner sur nos propres failles et notre façon de les appréhender, de les représenter, de les faire voir ou non. En outre, il me semblait préférable de se perdre dans les dédales de cette œuvre plus complexe qu’elle n’en a l’air – et dans ses gouffres, ses émotions énormes – plutôt que de s’attarder sur une pièce « pour les jeunes », plus anecdotique.

Mais avant de plonger dans les ténèbres des bas-fonds, de jouer la déchéance et de tenter d’atteindre ce point de non-retour, je voulais rapprocher le texte des jeunes qui allaient l’incarner. Et les personnages de Sur la grand-route sont si ouverts, caractérisés seulement par touches, par allusions, qu’il était possible de les adapter au profil du groupe. Avant le début des répétitions, je me suis donc lancé dans une sorte de translation du texte, c’est-à-dire une réécriture des dialogues afin qu’ils puissent être plus facilement dits par des débutants. Ainsi, j’ai changé les sexes des personnages pour les faire correspondre avec ceux des participants (le tenancier est devenu la tenancière ; le clochard, la clocharde…) ; j’ai supprimé leur « russéité » pour en faire des entités plus abstraites (« l’Homme », « la Voyageuse », « la Pèlerine », « l’Ouvrière »), en imaginant déjà que les acteurs pourraient s’invectiver par leurs prénoms (« Evan », « Romane », « Manon », « Cynthia »…). Surtout, j’ai repris toutes les phrases du texte traduit par André Markowicz et Françoise Morvan, et j’ai réécrit celles qui me semblaient trop éloignées de la langue d’aujourd’hui ou qui courraient le risque de sonner faux. Je changeais une insulte, je simplifiais une formulation, j’oralisais certains passages difficiles à dire et dans la plupart des cas, j’épurais, j’allais à l’économie pour donner une place encore plus importante au silence, au sommeil, à l’apathie – au « rien faire » et au vide auxquels je suis tant attaché. D’une certaine manière, je pourrais dire que je faisais passer le texte dans ma propre langue, que je le retraduisais avec mes mots ou que je l’« arrangeais », un peu comme un morceau de musique. Sauf que je le faisais sans couper une réplique, sans en changer l’ordre, et même parfois en laissant telles quelles des phrases d’une étonnante modernité.

Par la suite, ce travail s’est poursuivi collectivement à la table, avec les jeunes, dès la première phase de notre processus. Nous avons d’abord lu la pièce de Tchekhov, puis mon adaptation, et comparé les deux. J’ai laissé chacun critiquer mon texte et, s’il le souhaitait, formuler des propositions de réécriture plus pertinentes, plus justes, meilleures en bouche et plus claires à l’oreille. Ce faisant, j’attirais l’attention du groupe sur les vertus d’une réécriture qui ne soit pas une actualisation artificielle – pour le simple plaisir de « dépoussiérer » ou de « faire jeune » – mais une transposition littéraire pour la scène avec sa propre plasticité. Une version qui nous éloignerait peut-être de la lettre du texte mais qui en conserverait l’esprit et donnerait l’« illusion de la vie » chère aux naturalistes. Enfin, lorsque nous nous sommes accordés sur une nouvelle adaptation – encore susceptible de changer au gré des répétitions –, nous avons fait des lectures et des esquisses au plateau pour que chacun s’essaie à différents rôles. À la suite de quoi j’ai arrêté une distribution en fonction des affinités des acteurs avec les personnages, et nous avons commencé la mise en scène à proprement parler. J’en dirai quelques mots plus tard, quand je l’aurai terminée.

Une fois de plus, et comme je le remarque aussi quand je travaille avec des professionnels, c’est le processus qui m’intéresse. Le cheminement de la pensée, le rêve autour du texte, de la langue. La façon de l’incorporer et de l’interpréter différemment au fil du temps. C’est cette transformation, cette mutation lente et progressive qui m’indique qu’une création est en cours, à quelque échelle que ce soit, ce qui relègue au second plan la question de savoir qui est « amateur », « professionnel », et si ce qui se fait est « bien », « pas bien », « très bien », « très mauvais ». Tout d’un coup, ces notions sont temporairement caduques, mises en veille, parce qu’il y a une chose qui prend forme et qui se modifie dans la perception de l’acteur, dans sa sensibilité, son regard, son corps, et après tout, c’est d’abord cela qu’on demande au théâtre. Un changement d’état.

Un vieux mythe voudrait qu’on ne puisse jouer les grands rôles du répertoire qu’après avoir acquis une certaine expérience de la vie. C’est d’ailleurs souvent ce qu’on dit à propos des pièces de Tchekhov et de ses personnages qu’il serait impossible de comprendre au-dessous d’un certain âge. C’est précisément contre ce cliché que j’ai voulu travailler en faisant jouer à des jeunes les personnages « à part » de Sur la grand-route. Parce que je suis convaincu qu’à cet âge décisif, de mutation, ils peuvent sentir cette marginalité fondamentale qui est en eux et qu’il est crucial, alors, de l’écouter, de cultiver cette singularité sombre et joyeuse qui leur permettra peut-être de ne pas entrer dans le moule et de se tenir toujours un peu à l’écart, à la lisière, sur le bord de la route. En somme, j’avais envie que ces jeunes tirent parti de la mélancolie et de la douleur de ces personnages, non pour s’en affranchir mais pour faire entendre à travers eux ce qu’ils ont de personnel, d’anti-social, de fragile. Qu’ils puissent le dire – à un public, à eux – et qu’ils aient envie d’y revenir plus tard, de rouvrir le livre à une autre période de leur vie, pour s’y retrouver et se revoir dedans.

 

« Sur le bord de la route »,
note d'intention de Thibaud Croisy, août 2021

> Lire aussi sur le site du Théâtre du Pélican

> Lire aussi le point de vue des jeunes sur le processus de création



[1] Anton Tchekhov, Sur la grand-route in Pièces en un acte, Traduit du russe par André Markowicz et Françoise Morvan, Actes-Sud, Babel, 2005, p.19
[2] Ibid, p.22
[3] Ibid, p.60
[4] Ibid, p.17

Distribution

Librement adapté de la pièce d'Anton Tchekhov traduite par André Markowicz et Françoise Morvan

Mise en scène : Thibaud Croisy | Avec : Donia Barouri, Mathilde Bully, Éléonore Casimir, Théo Da Silva, Manon Mallet, Cynthia Guillemin, Anne Gouineau, Jean-Luc Guitton, Evan Leyton, Romane Taghon | Lumières : Sylvie Garot | Costumes : Angèle Micaux | Habilleuse : Eva Klincokova | Sélection et traitement des éléments scénographiques et des accessoires : François Jourfier | Régie et technique : Nicolas Masset et Théotime Aguilar | Production : Claire Nollez | Pièce parue dans Pièces en un acte, éditions Babel

Coproduction : Association TC et le Théâtre du Pélican

Dates de représentation

> 5-6-7 novembre 2021 – Cour des Trois Coquins (Clermont-Ferrand)

D'où vient ce désir, partagé par tant d'hommes, qui les pousse à aller voir ce qu'il y a au fond d'un trou ?

Photo © Martin Argyroglo

Féru de faits divers et de romans policiers, Thibaud Croisy se glisse dans la peau d’un enquêteur pour nous embarquer dans une fiction qui entremêle une conférence de criminologie et une étrange histoire d'amour.
Dans un paysage scénique imaginé par Sallahdyn Khatir, évoquant à la fois un espace naturel et une zone mystérieuse de notre inconscient, Thibaud Croisy endosse le rôle d’un criminologue et nous livre un cours douteux dans lequel il décode les mécanismes du passage à l’acte. Parallèlement, le récit d’une histoire d’amour ambiguë avec une jeune médecin légiste l'interroge : mais où sont donc les vrais morts après avoir été passés à la moulinette des grilles d’analyse des experts ? Et que peut-il advenir quand un enquêteur, dont le travail d’élucidation est essentiellement mental, rencontre une médecin légiste, confrontée, elle, à la chair réelle des victimes ? Avec cette romance surréaliste entre deux êtres que rapproche leur fascination pour les cadavres, Thibaud Croisy poursuit sa tentative de redonner corps à une parole charnelle.

En août 2021, le texte de D'où vient ce désir... a été choisi par ARTCENA et l'Institut Français pour être traduit en espagnol et faire partie de Contxto, réseau international pour la diffusion de textes dramatiques francophones.

Distribution

Texte et mise en scène : Thibaud Croisy | Interprétation : Thibaud Croisy et Sophie Demeyer | Collaboration dramaturgique : Élise Simonet | Collaboration artistique : Sophie Demeyer | Scénographie et lumière : Sallahdyn Khatir | Régie lumière : Lucien Valle | Production, diffusion, administration : Claire Nollez

Production : Association TC | Coproduction et accueil studio : Le Phare, Centre chorégraphique national du Havre Normandie – Direction Emmanuelle Vo-Dinh ; Le Carreau du Temple, établissement culturel et sportif de la ville de Paris ; Théâtre Paris-Villette | Accueil en résidence et avant-première : Théâtre de Vanves, scène conventionnée d'intérêt national | Soutiens : Centre national de la danse (résidence augmentée) | Avec l'aide de la Direction régionale des affaires culturelles d'Île-de-France – Ministère de la culture et de la communication | Remerciements au service technique de La Villette

Dates de représentation

> 12 mars 2020 – Théâtre de Vanves, dans le cadre du Festival Artdanthé (Avant-première)

> 8 et 9 octobre 2020 – Le Carreau du Temple (Paris)

> 1er juillet 2021 – Centre chorégraphique national du Havre Normandie

Presse

> Gérard Mayen, Toute la culture

La prophétie des Lilas

Photo © Emmanuel Valette

Au cours d’un dîner, Thibaud Croisy fait la rencontre inattendue du médecin qui l’a mis au monde. Quelques années plus tard, il décide de le recontacter et organise la suite de ces étranges retrouvailles. Assis à un bureau et accompagné par Sophie Demeyer qui déplace silencieusement traces et indices, Thibaud Croisy développe une narration, raconte les gestes ritualisés de sa naissance et les combats menés par ce gynécologue. La prophétie des Lilas s’observe comme une pièce chirurgicale qui manipule faits réels et souvenirs, autant que nos promesses faites à l’existence.

Distribution

Conception : Thibaud Croisy | Interprétation : Sophie Demeyer et Thibaud Croisy  Scénographie : Sallahdyn Khatir | Lumières et images : Emmanuel Valette Collaboration artistique : Élise Simonet
Production : Association TC | Aide à l’écriture : Le Phare, Centre chorégraphique national du Havre Normandie – Direction Emmanuelle Vo-Dinh | Soutiens : Centre national de la danse (résidence augmentée) et Direction régionale des affaires culturelles d'île-de-France – Ministère de la Culture et de la Communication

Dates de représentation

> 25 janvier 2019 à La Manufacture – CDCN de Bordeaux dans le cadre du Festival Trente Trente – Les Rencontres de la forme courte
> 24 mars 2018 au Théâtre de Vanves
> 18 octobre 2017 au TU – Nantes
> 19 au 23 septembre 2017 au Théâtre Paris-Villette (création) 
> 20 et 21 mai 2016 au Grand Parquet (premier état)

Presse

> "Le corps comme terrain d'exploration du réel", Ma Culture
> "Les pépites du Festival Trente Trente à Bordeaux", Toute la culture

Témoignage d'un homme qui n'avait pas envie d'en castrer un autre

Photo © Martin Argyroglo

Témoignage d’un homme… est une expérience singulière, sensorielle et déroutante. Installé sur un sol moelleux invitant à la détente, loin des tracas quotidiens, abandonnez-vous et écoutez. Thibaud Croisy a passé trois journées avec C., un inconnu qui a accepté de lui parler de son corps, de sa sexualité et de ses pratiques sadomasochistes avec d'autres hommes. Découpée en trois actes, cette pièce sonore et sans interprète est le fruit d’un processus documentaire de plusieurs mois et donne à entendre deux voix qui s’opposent : celle hésitante, parfois bégayante, de Croisy, et celle au ton chaud, enveloppant et rassurant, de C. Tout en questionnant les rapports de domination et de négociation, la douleur et le plaisir, le metteur en scène interroge la représentation théâtrale… tandis que notre imagination bat son plein. Couillu.

Distribution

Conception : Thibaud Croisy | Collaboration artistique et montage sonore : Maya Boquet | Diffusion sonore et régie son : Romain Vuillet | Scénographie : Sallahdyn Khatir | Lumières : Philippe Gladieux | Régie lumières : Coralie Pacreau
Production : Association TC | Coproduction : Théâtre de Vanves | Soutiens : Centre national de la danse (résidence augmentée) et Direction régionale des affaires culturelles d'Île-de-France – Ministère de la culture et de la Communication

Dates de représentation

> 17 et 18 octobre 2019 au TU – Nantes
> 8 novembre 2018 au Manège – Scène nationale de Reims
> 1er et 2 septembre 2018 à La Bâtie – Festival de Genève (Suisse)
> 26 et 27 mars 2018 au TAP – Scène nationale de Poitiers
> 5 et 6 février 2018 à La Gaîté Lyrique (Paris) / Festival Faits d'hiver
> 27 janvier 2018 au Phare – Centre chorégraphique national du Havre
> 18 mars 2017 au Théâtre de Vanves
> 13 et 14 janvier 2017 au Volapük (Tours) / Festival Écoute Voir
> 8 octobre 2016 au Théâtre de Vanves (création)
> 25 février 2015 au Théâtre de Vanves (premier état)

Presse

> Florian Gaîté, Paris-Art
> Aïnhoa Jean-Calmettes, Mouvement
> Ada Loueilh, Blog personnel
> Entretien avec Smaranda Olcèse-Trifan, Inferno
> Amélie Blaustein Niddam, Toute la culture
> Henri Guette, Point Contemporain
> Entretien avec Wilson Le Personnic, Ma Culture
> Marie-Pierre Genecand, Le Temps (Suisse)

Pierre Bellemare, une histoire extraordinaire

Photo © Emmanuel Valette
Un fait divers authentique, écrit par Thibaud Croisy et raconté par l'une des plus grandes voix de la radio et de la télévision françaises : Pierre Bellemare !


Je crois en Pierre Bellemare, en sa voix inimitable, en son visage rassurant que je connais depuis l’enfance et que j’ai toujours vu identique, comme épargné par le temps. Par sa seule présence, il a rendu cultes plusieurs émissions de radio et de télévision, d’Europe 1 à RTL, de l’ORTF à Antenne 2, de La Tête et les jambes à La Caméra invisible, n’abandonnant jamais son air de gentleman et son sens du récit. J’aime cette figure qui a marqué les Français, qui a prouvé que l’on pouvait bien vieillir et j’ai eu envie de lui écrire une histoire extraordinaire pour qu’il puisse nous en raconter à nouveau. Bref, je voulais lui rendre un hommage vivant, le remercier bien chaleureusement et l’entendre me dire, avec sa politesse et son timbre de voix légendaire : Mais je vous en prie.

 
T.C.

Distribution

Texte et mise en scène : Thibaud Croisy
Avec : Pierre Bellemare
Production : Association TC
Remerciements à Mariapia Bracchi, Amandine Malivin et Laurent Mothe

Dates de représentation

4 juin 2016 au Centre dramatique national de Gennevilliers dans le cadre du festival (tjcc) – Très jeunes créateurs contemporains, conçu par Pascal Rambert et programmé par Joris Lacoste & Élise Simonet

4 rêves non-censurés en présence de Fleur Pellerin

Photo © Henriette Desjonquères

J’étais avec Mathias au Gibus, je dansais une bière à la main et je lui disais que je n’arrêtais pas de rêver de Fleur Pellerin, ces temps-ci. J’avais le sentiment d’entretenir un lien secret avec cette femme, corporel, et j’avais presque fini par me demander si je n’étais pas devenu son excroissance gouvernementale, la métaphore abstraite de son clitoris entier. Que signifiait l’apparition de cet étrange visage asiatique au milieu de mes nuits, ce sourire ambigu qui me regardait comme s’il voulait me parler ? Autant de motifs mystérieux que je me suis enfin résolu à explorer par le récit de nos subtils chassés-croisés.

Distribution

Conception et interprétation : Thibaud Croisy
Production : Association TC
Remerciements à Maya Boquet

Dates de représentation

> 25-26 mai 2016 au Théâtre Paris-Villette
> 19 mars 2016 au Théâtre de Vanves dans le cadre du Festival Artdanthé
> 30 janvier 2016 au Festival Trente Trente – Les Rencontres de la forme courte (Bordeaux)
> 6 juin 2015 au T2G – Centre dramatique national de Gennevilliers dans le cadre du festival (tjcc) programmé par Joris Lacoste, Élise Simonet et Grégory Castéra (création)

Presse

> Ève Beauvallet, Libération
> Céline du Chéné, émission Mauvais genres sur France Culture (à partir de 16'50)
> Marie-Christine Vernay, Delibéré
> Yves Kafka, Inferno
> Amélie Blaustein Niddam, Toute la Culture

Gymnase nihiliste

Photo © Ala d'Amico

Le Gymnase nihiliste est une assemblée de spectateurs chargés d'examiner plusieurs projets d'art vivant destinés à voir le jour. Les membres de ce Gymnase s'engagent dans un processus de travail collectif pour analyser les enjeux de chaque projet, la place qu'ils occupent dans le parcours de l'artiste et leur inscription dans le paysage culturel. Au terme de ses investigations et de ses débats, le Gymnase retient un projet artistique dont il annule la mise en œuvre et qui ne sera donc jamais réalisé.

Distribution

Conception : Thibaud Croisy | Artistes invités : Éléonore Weber & Patricia Allio, Yan Duyvendack, Thomas Ferrand | Membres du Gymnase nihiliste : Mathieu Ageron, Camille Bonniard, Sarah Giuliattini, Esther Gouarné, Delphine Jonas, Patricia Morshedi, Smaranda Olcèse, Pierre Philippe-Meden, Marta Rossi, Ariane Temkine | Commissariat : Julien Duc-Maugé

Production : Association TC | Coproduction : Centre d'art contemporain de Brétigny-sur-Orge

Dates de représentation

Séances du Gymnase nihiliste : 9 novembre 2013 (séance publique inaugurale, ouverte à tous) ; 23 novembre (à huis clos) ; 7 décembre (à huis clos), 14 décembre (à huis clos)

Presse

Pierre Bal-Blanc, Postface au Gymnase nihiliste
Julien Duc-Maugé, Gymnastiques

Rencontre avec le public

Photo © Emmanuel Valette

Venez en masse, franchement. Venez. Ce texte est uniquement écrit pour vous dire de venir de toute façon, pour vous inciter, pour être incitatif, pour produire une envie extrêmement puissante en vous et en particulier dans votre cerveau. Donc autant vous le dire tout de suite : la meilleure pièce de la saison, c’est nous. Tout simplement parce que c’est vous. Parce que c’est vous qui venez. Vous comprenez ? D’ailleurs, ce n’est pas vraiment une pièce, ce truc. C’est une rencontre. Donc voilà, venez. Nous sommes heureux de vous rencontrer.

Distribution

De : Thibaud Croisy | Avec : Véronique Alain, Sophie Demeyer, Léo Gobin
Lumières et images : Emmanuel Valette | Voix : Hadrien Bouvier, Murielle Martinelli, Anne-Élodie Sorlin
Production : Association TC | Coproduction : La Ménagerie de Verre, Studio-Théâtre de Vitry | Soutiens : Théâtre de Gennevilliers, Montévidéo – Centre de création contemporaine (Marseille), Mairie de Paris | Remerciements : Jonathan Debrouwer, Muriel Fillière, Damiano Gatto

Dates de représentation

19-20-21-22 décembre 2014 au Studio-Théâtre de Vitry
3-4 décembre 2013 à La Ménagerie de Verre (création)

Presse

Isabelle Barbéris, Le corps absent du metteur en scène
Wilson Le Personnic, Ma Culture
Robin Guivach, Blog personnel
Marie Richeux, Pas la peine de crier, France Culture

Soustraction du monde

Photo © Jérôme Delatour

Un lien est un rapport d’ordre social, affectif et intellectuel qui s’établit entre deux individus. Lorsqu’un lien se rompt, le sujet tend à oublier la personne qu’il ne fréquente plus. Par la suite, il peut néanmoins la revoir grâce à une représentation physique (une photographie), une représentation mentale (un souvenir) ou alors, si cela est possible, en essayant de la retrouver, d'en retrouver le corps réel.

Cette manifestation a lieu hors les murs. Une adresse sera communiquée aux spectateurs lors de leur réservation.

Distribution

Conception : Thibaud Croisy | Interprétation Sophie Demeyer | Son : Pierre-Damien Crosson | Remerciements à Esther Gouarné, François Lagarde, Nicolas Martz et Nathalie Perrard
Production : Association TC | Coproduction : Studio-Théâtre de Vitry

Dates de représentation

9-10-11 mai 2012 au Studio-Théâtre de Vitry (hors les murs)

Presse

Mari-Mai Corbel, Blog personnel

Je pensais vierge mais en fait non

Photo © Jérôme Delatour

Distribution

Conception : Thibaud Croisy | Interprétation : Sophie Demeyer
Production : Association TC | Soutien : Mairie du 18ème arrondissement (Paris)

Dates de représentation

31 janvier 2012, 3 février, 7 février, 10 février, 14 février et 17 février dans le cadre du Festival Artdanthé (Théâtre de Vanves) en association avec le Studio-Théâtre de Vitry (hors les murs chez Thibaud Croisy)
10-11 juin 2010 dans l'appartement de Thibaud Croisy (Paris)
28-29 avril 2010 dans l'appartement de Thibaud Croisy (Paris)

Presse

Jérôme Delatour, Blog personnel
Mari-Mai Corbel, Blog personnel
Smaranda Olcèse, Toute la culture
Joseph Danan, Actes-Sud Papiers

Premiers travaux

À l'époque où j'avais des cheveux.

De 2007 à 2010, j'ai créé plusieurs pièces que je regroupe aujourd'hui sous le générique un peu lapidaire de « Premiers travaux ». Il s'agissait en fait de pièces réalisées gratuitement, c'est-à-dire sans production, sans rémunération et presque sans diffusion (on les répétait pendant des mois et on les jouait deux-trois fois avant de passer à autre chose). À l'échelle d'un parcours (je n'aime pas le mot carrière), on pourrait dire qu'il s'agissait d'un premier temps d'expérimentation (mais pas plus expérimental que celui que je traverse aujourd'hui en fait, et même peut-être un peu moins) ; un moment où je me collais en tout cas à la tâche de metteur en scène, en autodidacte, non pas en suivant je ne sais quelle formation, mais en apprenant sur le tas et en décidant, presque du jour au lendemain, que j'en serai un. Car je crois qu'on ne devient pas metteur en scène en faisant une école bidon. On le décide ou bien alors ça s'impose de soi-même. Être metteur en scène n'est pas vraiment un métier de toute façon, mais plutôt une attitude, un regard qu'on adopte à un moment donné et qui ne vous lâche plus parce que vous l'avez intégré, parce qu'il était fondamentalement le vôtre. Et c'est aussi pour cette raison que beaucoup de gens sont metteurs en scène uniquement pour eux, en se contentant de regarder le monde, donc sans jamais produire d'œuvres, ce qui est très bien et sans doute plus reposant.

Un jour viendra où j'en dirai plus sur cette période décisive, sur ces quelques années où nous faisions cette chose insensée qui consistait à créer des pièces sans se soucier de les faire tourner. Car notre but n'était pas là. Il n'était pas dans le public (déjà). Il n'était pas dans le désir de faire « rayonner les œuvres », pour reprendre une formule très prisée par les politiques culturelles. Pour autant, ces travaux n'en étaient pas moins aboutis. Ils n'étaient pas « amateurs ». J'ai même la prétention de penser que ce que nous faisions était de bien meilleure qualité que ce que proposaient certains professionnels.

Ces créations étaient des mises en scène de textes du répertoire contemporain. Parce que c'était ce que je voulais faire au début. Mettre en scène les textes des autres. Je ne voulais pas écrire les miens. Je n'avais pas cette idée. Ni ce désir d'ailleurs. Tout ça, c'est venu après. À cette époque, je me considérais comme auteur de mises en scène et je continue à penser que c'est un endroit d'autorité qui en vaut un autre, qui n'a rien d'inférieur au fait d'être auteur d'un texte par exemple.

Les pièces sur lesquelles nous avons travaillé sont les suivantes, toutes issues des années quatre-vingt (je suis moi-même un enfant des années quatre-vingt donc pour commencer, c'était plutôt bienvenu) : Rixe de Jean-Claude Grumberg (1982) ; Le Frigo de Copi (1983) ; une lecture d'extaits de textes de Copi à laquelle j'avais donné le titre d'une de ses nouvelles, Quoi ? Zob ! Zut ! Love ! ; un extrait d'Au But de Thomas Bernhard (1981). À l'exception de cette dernière, toutes ont été répétées et créées dans un contexte universitaire, c'est-à-dire dans le Théâtre de Kantor de l'École normale supérieure de Lyon, où je faisais mes études. Les professionnels du spectacle ne s'intéressaient pas du tout au « théâtre universitaire », qu'ils devaient juger ringard ou amateur précisément. Ils n'avaient pas de temps pour ça. Alors qu'il fut un temps où le théâtre universitaire était autre chose (avait plus de vitalité, je veux dire, était regardé plus attentivement). En trois ans, presqu'aucun professionnel lyonnais n'est venu jeter un coup d'œil à ce que nous faisions. Nous avons simplement repris Rixe au Théâtre de la Croix-Rousse, hors programmation, dans le cadre d'un partenariat entre le théâtre et l'école, mais le directeur et l'équipe du théâtre ne se sont même pas déplacés pour voir la pièce. Je n'oublie pas ces choses-là. Il n'empêche que tout ça ne nous a pas empêché d'avancer, de faire notre petit bonhomme de chemin comme on dit. Et aujourd'hui, j'ai quitté la ville de Lyon, je n'y ai plus jamais remis les pieds. Sans remords ni regrets. Sans moi. Je n'ai juste plus rien à voir avec cette ville. Hormis quelques souvenirs affectueux qui seront pour plus tard.

La dernière pièce de cette séquence (Au But de Thomas Bernhard) a été créée à La Loge, à Paris, un tout petit théâtre qui avait au moins le mérite de nous ouvrir ses portes sans trop de difficultés. Mais les conditions techniques, logistiques et financières ne me permettaient pas de faire ce que je voulais donc j'ai vite compris qu'il n'était pas possible de faire un semblant de création dans ces conditions-là. Et c'est pour ça que j'ai décidé de ne plus m'échiner à forcer les portes du théâtre et de créer Je pensais vierge mais en fait non (2010) chez moi, entre les murs de mon appartement, avec Sophie Demeyer, une danseuse qui avait bien voulu croire en moi et me donner un peu de son temps. Mon appartement et Sophie, à l'époque, c'est à peu près tout ce sur quoi je pouvais compter pour faire une pièce. Et je peux dire maintenant que je ne me suis pas trompé en empruntant cette voie.

Rixe, Le Frigo et Au But n'auraient pas vu le jour sans l'énergie, la foi et le travail d'amis qui étaient dans la même promo que moi à l'École normale supérieure et qui avaient accepté d'être « mes interprètes ». Alors que je n'étais strictement personne et que je n'avais aucune compétence reconnue. S'ils n'avaient pas été là, s'ils n'avaient pas cru en moi ou s'ils n'avaient pas cru en eux, en nous, ou en quelque chose, je n'en serais pas là aujourd'hui, j'aurais tout simplement fait autre chose de ma vie. J'aurais peut-être fait une dépression en travaillant pour l'université, comme plein de mes camarades de l'époque qui ont embrassé une carrière de prof sans le vouloir. J'aurais peut-être fait mieux aussi. Avocat. Magistrat. Chirurgien. Psy. Qui sait ? Ça m'aurait plu, sans doute, de faire un job par lequel j'aurais pu sauver des vies, mais ce n'est pas ce que j'ai fait et quelquefois, je le regrette sincèrement. Bref. Mes acolytes les plus engagés – et inoubliables – s'appelaient Esther Gouarné et Smaïl Bouaziz. Qu'ils en soient ici remerciés avec la tendresse que je réserve à ceux que ma mémoire retient.

Il y a peu de photos de cette époque. Il n'y en a pratiquement pas. Parce que nous ne gardions aucune trace de ce que nous faisions et que nous travaillions seulement à jouer, en pure perte, dans la simplicité et la beauté de ce mystérieux paradoxe. Nous n'avions pas la prétention de la postérité et cela nous était d'ailleurs impossible puisque nous n'avions pas d'actualité (c'est peut-être ça, la jeunesse, au fond : aucune actualité). J'ai un peu développé cette prétention aujourd'hui et à chaque fois que j'y repense, à chaque fois que je jette un regard en arrière, je suis amusé et ravi par cette époque hors sol, hors marché, hors tout, proche d'un paradis perdu qui ne ressemblait à rien et qui revient encore de temps en temps, par instants. C'est la raison pour laquelle il faudra que j'écrive davantage à ce sujet. I promise you.



T.C.
28 octobre 2018

Distribution

Rixe | Texte : Jean-Claude Grumberg | Mise en scène : Thibaud Croisy | Interprétation : Esther Gouarné et Smaïl Bouaziz | Lumière : Ariane Zaytzeff | Régie son : Valentin Chémery
Le Frigo | Texte : Copi | Mise en scène : Thibaud Croisy | Interprétation : Esther Gouarné | Lumières : Zacharie Signoles | Régie son : Aude Thuries
Quoi ? Zob ! Zut ! Love ! | Texte : Copi | Mise en scène : Thibaud Croisy | Interprétation : Smaïl Bouaziz, Zacharie Signoles, Audes Thuries, avec la participation d'Aurélien Cohen
Au But (extrait) | Texte : Thomas Bernhard | Traduction : Claude Porcell | Mise en scène : Thibaud Croisy | Collaboration artistique : Lou Forster | Interprétation : Esther Gouarné et Pardis Dabashi

 

Dates de représentation

Rixe – 28, 29, 30 mars 2007 au Théâtre Kantor (Lyon) – Janvier 2008 au Théâtre de la Croix-Rousse (Lyon)
Le Frigo – 27, 28, 29 février 2008 au Théâtre Kantor (Lyon)
Quoi ? Zob ! Zut ! Love ! – 26 septembre 2008 au Théâtre Kantor (Lyon)
Au But – 19, 20, 21 janvier 2010 à La Loge (Paris)